Mon bilan du confinement

Voilà donc deux mois que nous sommes coupés de la France, quelque peu repliés sur nous-même dans notre Allemagne paisible et dans la chaleur de notre foyer - ce qui n'est pas pour déplaire à notre petit garçon qui est plus que ravis d'avoir ses parents sous la main 24h/24.

Mon mari et moi-même travaillons en France. Nous avons donc subit comme tout le monde la mise en arrêt du pays. En Allemagne cependant, il n'y a pas eu de confinement à proprement parlé. Les gestes barrières ont été les mêmes et l’interdiction de s'attrouper également, mais aucune attestation, aucune démonstration de force des autorités, aucune culpabilisation des citoyens... Bien que les commerces de seconde nécessité et les écoles aient été fermés plusieurs semaines, les gens ont continué le plus possible à maintenir une activité, à s'occuper, à faire leurs courses sans stress et sans affluence, à s'aérer et se promener. Ainsi, l'ambiance n'a pas du tout été la même que celle vécue par nos amis et familles en France. La météo splendide aidant, nous avions même un petit goût de vacances en nous promenant le long du Rhin (l'effet de masse des touristes en moins !).

Passée l'inquiétude du départ (liée aussi en grande partie au fait que mon mari est considéré comme personne particulièrement "à risque"), on peut dire que nous avons vécu cette période avec pas mal de distance, et une certaine sidération vis à-vis des choix et discours tenus par le gouvernement français... Mais passons, l'objet de ce blog n'est pas politique. Concernant notre vie familiale, comme je l'expliquais dans un précédent article, nous avons pas mal changé notre fusil d'épaule depuis le début de la crise, pour finalement revoir toute notre organisation. Il semble qu'aujourd'hui nous soyons parvenus à un certain rythme de fonctionnement, pas trop mal. Tant mieux, nous allons devoir continuer ainsi encore quelques temps.

Parmi les difficultés que nous avons rencontré il y a bien sûr eu ce que tout parent a dû expérimenter : la conciliation vie privée/professionnelle. Lorsque toute la famille est 24h/24 ensemble, il faut arriver à se répartir les tâches entre le télétravail, l'entretien de la maison, les repas, mais surtout, SURTOUT, s'occuper du lionceau. Car lui ne comprends pas du tout le concept de "Maman doit travailler" ou "Papa a une visioconférence". Pour lui, le monde tourne autour de lui, il a pour habitude qu'on soit à l'écoute et qu'on prenne tout notre temps pour être avec lui. Dans cette situation exceptionnelle, il vivait donc les choses avec beaucoup d'injustice et d'incompréhension. Nous avons dû beaucoup et longuement lui expliquer les choses.

Nous avons rencontré des situations professionnelles inextricables, et avons parfois rongé notre frein lorsque notre fils rendait le télétravail impossible. Les tâches qui d'ordinaire prenaient 20 minutes duraient désormais une demie-journée, tant elles étaient entre-coupées. Nous avons connu les interruptions et pleurs au milieu d'échanges professionnels, les pages web refermées par erreur sur un clic clandestin de notre fils, le café renversé juste à côté de l'ordi (ouf) parce que petit lionceau a décidé que c'était le moment de lire une histoire, là, sur la table, le chi-fou-mi entre mon mari et moi car nous avions tous deux du travail important et "urgent" à produire (dans 95% des cas c'est finalement moi qui acceptait de passer au second plan, mais je dis ça sans rancune aucune. Dans cette situation un peu folle, et surtout après avoir connu un semblant de burn out il y a un an, j'avais bien en tête que le monde professionnel est dérisoire et que la priorité est et restera toujours ma famille). Nous avons réaménagé nos plages de travail pour bosser une partie de la nuit... Mais ce qui nous a aidé, ça a été de réaliser que finalement TOUS les parents étaient actuellement dans la même situation. J'ai vraiment ressenti un élan de solidarité et de sympathie, et jamais aucun jugement ni reproche de la part de mes collègues. Tout le monde a fait comme il a pu, du mieux possible et a accepté de se mettre à la place de l'autre avec une bienveillance qui n'existe que peu d'ordinaire dans les relations professionnelles.

Parmi tout le positif que je retire également de cette expérience inédite (et il y en a beaucoup tout de même) :

• Nous avons eu une formidable opportunité de "mettre en pause" nos existences pour nous concentrer sur l'essentiel.
• Nous avons pris le temps de vivre, à notre rythme, en nous adaptant à notre petit garçon de 2 ans et demi, en essayant (j'ai bien dit "essayant" car ce n'est pas tous les jours facile) de lui mettre le moins possible la pression et de ne pas en ajouter à son angoisse naturelle.
• Concernant l'éducation du lionceau : ce dernier, semble avoir gagné en assurance, en maturité et en autonomie. Il a appris à être parfaitement propre, même pour les siestes (reste encore la nuit à aborder quand il sera prêt), à se déshabiller tout seul (l'habillage en revanche est un peu plus compliqué), à mettre ses chaussures, à casser des œufs et à les écaler, à tartiner ses propres tartines, à reconnaitre la cannelle, le curry, le poivre... , à visser et à réparer toutes sortes de choses avec papa, à jouer quelques moments en autonomie (alléluia), à maitriser son équilibre grâce à la draisienne, à dormir dans "un lit de grand", il a énormément enrichi son vocabulaire et utilise désormais des expressions très complexes, toujours à bon escient...
• Le Unschooling lui a permis d'approfondir les connaissances suivantes :
  • Que sont les "gendarmes" (insectes) et comment ils vivent
  • D'où vient le lait
  • D'où vient le miel
  • Quel est le rythme de vie d'un pissenlit (j'avoue que même moi j'ai appris des choses !!)
  • Qu'est-ce qu'un système d'arrosage automatique et comment ça fonctionne
  • Comment fonctionne notre aspirateur robot autonome (démontage à l'appui !)
  • Comment planter et faire pousser des graines (persil, aneth et ciboulette)
  • Comment fabriquer une trottinette avec papa (kit Infento reçu pour ses 1 an)

Suivant la philosophie du Unschooling, pour chacune de ces situations, nous avons suivi ses centres d'intérêt du moment. A chaque fois que nous le voyions intéressé ou intrigué par quelque chose, nous lui avons systématiquement proposé de voir des vidéos ou de lire des livres (quand nous en avions sous la main) sur ces différents sujets. Il s'est à chaque fois montré très intéressé et curieux d'en savoir plus. Je tire un bilan extrêmement positif de cette forme d'éducation.

• Nous avons aussi pu découvrir des potentiels remarquables chez notre fils, parmi lesquels, une mémoire hallucinante ! (il ne tient pas ça de moi, c'est certain...). Peut-être est-ce le cas de tous les enfants en fait, je ne sais pas. Moi cette capacité me bluffe complètement ! Il retient tout ce qu'il apprend, il est capable de réciter ses livres d'histoires (même ceux qu'on n'a lu qu'une fois) à la virgule prêt. Il retient les expressions, les jeux de mots, les noms des gens et des objets...

La vie à la maison n'est pas encore terminée. Nous sommes sans doute parti pour continuer ainsi tous les trois pendant tout l'été. En attendant la réouverture de la crèche, nous avons réussi à trouver une super aide pour la garde de notre fils quelques demies-journées par semaine et cela nous aide énormément.

Personnellement, je me sens tout à fait à l'aise avec cette nouvelle organisation et ne me sens pas triste du tout de devoir la prolonger. Et vous, quel est votre bilan ?