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Unschooling


Et puis un jour, il y eut le confinement...

J'ai d'abord pensé qu'il allait me falloir trouver de quoi occuper mon fils de deux ans et demi durant un temps indéfini. Pressentant le confinement arriver (et, il faut l'avouer, ayant la chance d'avoir un mari dans le milieu de la santé qui m'a alertée bien en amont de l'ampleur qu'allait prendre cette épidémie), j'avais pris le temps de dévaliser, avant sa fermeture, un magasin de bricolage et de me constituer un stock de matériel pour ambiancer le lionceau.

Et quand je dis "stock", je ne veux pas dire "quelques feuilles de papier Canson et des crayons de couleur", non moi je veux parler de ça :

Ok, il est possible que  j'ai un touuuuut petit peu pété les plombs...


Aujourd'hui je peux le dire, il s'agissait là de l'expression hystérique (je le reconnais) d'un stress intense que nous avons probablement tous expérimenté face à l'incertitude du moment : je ne savais pas combien de temps la situation allait durer, combien de personnes que j'aime allaient en être touchées, ni dans quel état j'allais retrouver le monde après (aucune de ces question n'a trouvé de réponse à l'heure ou j'écris).

Au delà de ça, ce qui se cachait derrière cette hystérie, c'était une peur plus difficile à comprendre. J'avais PEUR de me retrouver avec mon fils 24/24h... (réminiscences de mon congé maternité dont je vous parlerai plus en détail dans un prochain article). Peur d'être dépassée, peur aussi de ne pas être au niveau de ce que peuvent apporter les professionnels de la petite enfance, n'en étant pas une moi-même. Je me reconnais bien là : toujours à douter de tout, toujours à exiger de moi-même de faire les meilleurs choix possibles pour mon fils...

Ces considérations sont, bien entendu, erronées, et pour plusieurs raisons :

  • Premièrement, c'était sous-estimer ma capacité à savoir ce qui est bon et en accord avec le potentiel de mon propre enfant. Qui mieux que moi-même ou son père (et à part mon fils lui-même bien-sûr) est en mesure de savoir ce qui l'intéresse, l'intrigue, l'impressionne, lui fait peur, le fait rire, etc.. ? Qui, mieux que nous, sait exactement quand il est au maximum de sa concentration, et à quel moment il commence à montrer des signes de fatigue ? Qui mieux que nous pouvons lui offrir l'amour, le soutien et la confiance dont il a besoin pour se lancer à l'aventure, expérimenter et apprendre des choses nouvelles ?
  • Deuxièmement, et c'est un peu plus grave, c'était sous-estimer SES capacités et facultés à LUI. Depuis un mois que nous sommes à la maison avec lui, nous découvrons chaque jour chez lui des potentialités nouvelles et merveilleuses que nous n'avions même pas vues jusque là, tout absorbés que nous étions dans notre train-train quotidien... Ou bien est-ce juste que ces potentialités n'auraient pas pu émerger d'elles-mêmes dans un contexte routinier... ? Il est des choses rendues possibles uniquement dans des situations exceptionnelles, dans la désorganisation ou simplement à contre rythme. C'est d'ailleurs bien souvent durant les vacances en famille que nos enfants font des bons dans leurs apprentissages.
  • Enfin, rappelons-le, juste pour apaiser un peu les esprits tourmentés (et je sais qu'il y en a beaucoup en cette période de flottement collectif) : un enfant ne régresse ni ne stagne pas, même hors de l'école. Oserais-je ? SURTOUT pas hors de l'école ! Il trouve toujours mille et une raisons d'apprendre et de s'émerveiller, pour peu qu'on lui en laisse la possibilité et qu'on l'y accompagne avec bienveillance. L'enfant absorbe le monde qui l'entoure tel une éponge, il ne peut pas ne pas apprendre1


Tout ceci m'amène à la thématique du jour.

Je suis tombée sur le film Être et Devenir (mis à disposition gratuitement sur youtube le temps d'un weekend par la Family Cost et l'auteure du documentaire elle-même : Clara Bellar, que je remercie au passage) qui m'a fait prendre en considération une nouvelle forme d'éducation totalement inédite pour moi : le Unschooling.

Jusqu'ici, je pensais qu'il n'y avait qu'une seule voie possible : celle proposée par l'école, et donc, par l'éducation nationale. Au fil de mes lectures ces dernières années, je me suis pourtant bien rendue compte que la méthodologie proposée par cette même éducation nationale ne faisait pas l'unanimité, et que nombreux étaient les enseignants qui eux-même tentaient des chemins de traverse pour relayer un enseignement qui leur semblait plus juste (parfois au péril de leur carrière). Avant même que mon fils ne naisse, je savais déjà que je voulais m'orienter vers des enseignements parallèles (Steiner, Montessori, Freinet...). Mais je ne savais pas alors que l'école n'est finalement qu'UNE possibilité parmi d'autres d'accompagner un enfant sur la voie de l'apprentissage et que d'autres voies sont possibles...

D'autres personnes ont étudié, expérimenté et écris sur le sujet de manière bien plus riche et complète que moi qui en découvre tout juste le concept, mais voici en quelques point clés ce qu'est le Unschooling :

  • ce n'est pas "faire l'école à la maison", c'est tout simplement ne pas faire d'école du tout.
  • c'est ainsi refuser le formatage (j'entends par-là l'uniformisation) des enfants à partir d'un même socle d'éducation commun à tous, pour au contraire l'encourager à trouver SA voie et à devenir qui il décidera de devenir en fonction de SES capacités et envies.
  • et par la même occasion, c'est ne pas placer son enfant en situation d'échec de ne pas être bon dans toutes les matières enseignées, ni en situation de compétition par rapport aux autres dès le plus jeune âge.
  • l'idée est que l'enfant va de lui-même vers les choses qui l'intéressent au moment où il en est capable et donc où il est mur pour apprendre (et qu'ainsi il apprend et retiens bien mieux les choses, de manière durable).
  • c'est faire confiance à son enfant pour grandir tranquillement, et être simplement là pour le soutenir et l'accompagner à approfondir ses apprentissages quand il en a besoin.
  • c'est donc également aussi avoir du temps disponible pour ses enfants !

Il est évident que ce mode de vie (car il s'agit bien là d'un mode de vie à part entière) n'est pas donné à tout le monde. Il n'est ni compatible avec le combo [vie active traditionnelle/petits revenus], ni avec la règlementation française en vigueur qui rend obligatoire l'école dès 3 ans... Pour les exemples que j'ai pu voir, les parents qui pratiquent le Unschooling ont soit suffisamment d'argent (ou investissent tout leur argent dans le concept) pour pouvoir organiser l'apprentissage à la maison de leurs enfants (précepteurs, professeurs privés de langues, de chants, de tout ce qui correspond aux envies du moment des enfants...), soit l'un des deux parents ne travaille pas, soit les parents ont un mode de vie déjà en décalage avec la société (vie nomade, vie d'artistes, etc...). Et, bien sûr, beaucoup d'entre eux vivent au Canada ou en Allemagne où la règlementation n'est pas la même.

Ce concept est tout nouveau pour moi et devra encore germer dans mon esprit. En ce qui concerne notre fils, comme nous vivons en Allemagne, nous avons cette possibilité de Unschooling. Nous avons encore un peu de temps pour nous pencher sur la question puisque le lionceau n'est supposé faire sa rentrée en Kindergarten qu'en Octobre prochain. Mais je compte bien profiter de mon confinement pour mettre en application et expérimenter moi-même cette étonnante pratique. Pour ce que j'ai pu en voir depuis que j'ai commencé, les choses sont beaucoup plus sereines à la maison. Je me mets bien moins la pression, et je la mets bien moins à mon fils aussi ! Ainsi, entre le moment que je vous décrivais en début d'article où j'ai paniqué d'être seule avec lui, et aujourd'hui, je relativise beaucoup les choses. Au lieu de me précipiter dans une orgie d'activités à lui proposer, pour lui créer un semblant de rythme artificiel, je prends le temps de vivre à ses côtés, je me laisse entrainer dans son univers. J'essaie de jouer le rôle de celle qui complète et enrichi ses découvertes et expériences de toutes sortes sans chercher à les provoquer. Je me satisfais d'être attentive à ses occupations et préoccupations du moment et de pouvoir le guider en douceur dans ses apprentissages. J'ai l'impression d'avoir là une chance formidable d'apprendre à mieux connaitre la personne fabuleuse qu'il est. Et j'en suis heureuse et reconnaissante.


RDV pour le bilan final à l'issue du confinement ! ;-)

 

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1 Citation de Céline Alvarez, Les lois naturelles de l'enfant, 2016 au sujet de la plasticité cérébrale du jeune enfant : "Il suffit à l’enfant de vivre et d’explorer librement le monde pour apprendre à une vitesse extraordinaire. Le jeune enfant ne peut donc pas ne pas apprendre. Apprendre, pour lui, c’est comme respirer. Il le fait, sans s’en rendre compte, en créant 700 à 1000 connexions [neuronales] par seconde."

 

 

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