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Il était un accouchement

J'avais depuis un moment envie de partager mon expérience de l'accouchement. Non pas pour décourager celles et ceux qui s'apprêtent à passer par là, mais plutôt comme un récit de vie, comme une approche de l'intérieur, heure après heure...
Aussi parce qu'enceinte, j'aimais lire ce genre de récits sur la toile, et que j'espère que mon expérience rendra la pareille à d'autres futures mamans...

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Il est 7h00 un vendredi 4 Août. En ce début de neuvième mois, mon ventre est énorme mais je n'attends pourtant pas bébé avant le 29. Je me lève - comme 150 fois par nuit - avec une grande envie de faire pipi...
Mais ce matin-là, sur le trajet des toilettes, je sens qu'un liquide s'échappe... Sur le coup je viens à penser que bébé appuie tellement fort sur ma vessie qu'il m'est désormais impossible de me retenir (?!). Je me précipite aux toilettes, pour constater que non, il s'agit d'un autre type de liquide, inconnu...

Quand on est enceinte pour la première fois (mais j'imagine que les fois d'après on est toujours encore surprise des choses que peut faire notre corps...) on ne sait pas bien à quoi s'attendre lorsqu'arrive la fin de la grossesse. On nous dit "à partir du 9ème mois, bébé peut arriver à tout moment", "vous pouvez perdre les eaux, mais pas forcément", "certaines femmes perdent le bouchon muqueux avant d'accoucher", "vous aurez des contractions plus ou moins rapprochées", "vous pouvez avoir des douleurs dans le dos", "vous pouvez perdre du sang, avoir de la tension, de la fièvre", etc... J'avais passé en revue avec ma sage-femme, lors des sessions de préparation à l'accouchement, les cas de figure plus ou moins alertant qui mènent à l'accouchement, mais jamais je n'avais entendu ni lu quelque part "il est possible que vous vous mettiez soudainement à "fuir" sans raison apparente et sans contractions"... Du coup, un peu sceptique, je pensais attendre de voir si cela se produisait à nouveau avant de décider quoi faire. Bien sûr, cela n'a pas manqué, à peine relevée des toilettes, le-dit liquide s'est remit à couler. Force était de constater que ce n'était pas normal et qu'il allait me falloir appeler la maternité pour confirmer le diagnostique.

Après avoir prévenu Monsieur futur papa de la situation (je ne l'ai jamais vu se réveiller aussi vite un matin !) j'ai appelé ma maternité qui semblait confirmer ce que je pensais : "il est probable que ce soit du liquide amniotique et que votre poche des eaux se soit fissurée". Sans contractions, on me dit qu'il n'y a pas d'urgence, que je dois venir dès que je peux dans la matinée pour un contrôle. On me dit tout de même d'apporter mes valises avec moi car en cas de fissure avérée de la poche des eaux, l'accouchement devra avoir lieu quoi qu'il arrive dans les 48h, pour éviter tout risque d'infection.
A ce moment là, c'est l'effervescence à la maison ! Chouette, c'est peut-être bien le jour J !! Suivant les conseils de la maternité nous prenons le temps de finaliser tranquillement nos valises et je m'octroie même une petite douche/coupe/brushing avant de partir. Notre départ à la maternité ressemble à un départ en vacances : 3 valises et 2 cabas pleins, et la bonne humeur et l'excitation des voyages ! 

Arrivés à 9h à la maternité, je réexplique la situation à la sage-femme qui me reçoit. Elle me propose le test magique du "Parto Sure", un test rapide qui permet de détecter en quelques minutes la protéine qui provoque l'accouchement1 et d'en avoir ainsi le cœur net. Mais finalement, pas le temps de procéder à cet examen, une nouvelle fuite de liquide apporte à la sage-femme la réponse qu'elle cherchait : il s'agit bien de liquide amniotique. "Bienvenue chez nous Madame ! ". Je sais désormais que je ne ressortirai plus de la clinique avant d'avoir mon bébé.
Mais à ce stade, toujours pas de contraction particulière...

On décide de me placer tout de même sous monitoring afin de suivre un peu l'évolution des choses et de jeter un œil sur l'activité cardiaque de bébé. Au bout de 2h, on constate de belles contractions, bien régulières, mais l'examen gynécologique révèle qu'elles n'ont en fait aucun effet sur mon col... Lorsque midi arrive, on nous propose de monter à l'étage pour prendre un plateau repas avec deux autres couples arrivés dans la matinée, en attendant que nos chambres soient prêtes. La dernière consigne qui m'est donnée est "à moins de grosses contractions avant, revenez me voir vers 16h pour qu'on fasse un point". Je précise que je ressens déjà des contractions, comme au cours des derniers mois (qui m'ont valu une hospitalisation pour MAP2 au 6ème mois d'ailleurs) et que je ne comprends pas bien ce que je suis supposée ressentir d'autre. On me répond simplement en souriant "ne vous en faites pas madame, lorsque vous aurez de vraies contractions de travail, vous sentirez la différence"... Soit, je veux bien le croire mais tout ceci me parait tellement abstrait... A ce stade, je commence à penser que cela va être bien long, et que je n'accoucherai peut-être pas aujourd'hui finalement...

Le déjeuner est très sympathique, nous faisons connaissance avec les autres couples embarqués dans la même aventure que nous. Je ressens tout même pas mal d'inconfort car à chaque contraction (et il y en a de manière très régulière toutes les 6-7 minutes), c'est un peu de liquide amniotique qui s'échappe, sans que je ne puisse rien faire... Un peu comme un canard en plastique gorgé d'eau sur lequel on appuierait à intervalle régulier, vous voyez le truc ? Heureusement qu'on m'a fourni un paquet entier de protections high level qui me permettent de tenir tout de même 30 minutes en société sans être trempée... Je me demande intérieurement combien de liquide j'ai encore en réserve et combien de temps ça va durer comme ça... (SPOIL : ça a duré jusqu'à la fin !)
On investi notre chambre et on tente de se reposer un peu. Vers 15h j'ai la bougeotte. Il va bientôt falloir redescendre aux urgences pour faire le point et il ne s'est toujours rien passé. J'ai l'impression de ne pas faire ce qu'il faut... Je propose à mon conjoint une petite promenade aux environs, histoire de s'aérer un peu, et d'avoir l'impression de faire quelque chose pour aider bébé à descendre. Sans grande conviction au départ, l'idée s'avère pourtant fructueuse. Au bout de quelques pas, j'ai soudain l'impression qu'une barre vient resserrer mon ventre sur toute sa largeur. Ce n'est pas la même sensation que les contractions familières des derniers mois, c'est beaucoup plus impressionnant et cela me coupe dans toute action : je m'arrête net de marcher. "Ne vous en faites pas madame, lorsque vous aurez de vraies contractions de travail, vous sentirez la différence". Je commence à comprendre... La contraction passe et je me réjouis : enfin, il se passe quelque chose !! Tandis que nous nous remettons joyeusement en route, je me souviens qu'il faut noter la fréquence et l'intensité de ces contractions... Je n'ai pas le temps de prendre note que déjà une seconde arrive... Cela doit faire 10 minutes depuis la première. Hé bien, moi qui voulais un peu d'action, je suis servie ! J'en ris, mais 5 minutes plus tard, une nouvelle contraction arrive, suivie d'une autre et encore une autre à quelques minutes d'intervalle... Je commence à me dire qu'il faudrait peut-être qu'on fasse demi-tour maintenant. Je ne pensais pas que ça irait aussi vite et que je passerais ainsi de "rien" à des contractions régulières et rapprochées !  

16h00 : Nous sonnons pour entrer aux urgences. Une voix nous dit à travers l'interphone que l'équipe est débordée pour le moment et que si ça peut attendre il serait sympa que je patiente en salle d'attente, quelqu'un viendra me chercher dès qu'une salle se libère... Ah. Euh... Ok. Bon. Les contractions sont bien installées mais elles ne sont pas insupportables. Je me dis que non, ma situation n'est pas urgente, laissons l'équipe gérer le flux des femmes qui ont un vrai besoin. Nous patientons donc. Au bout d'une demie-heure un peu stressante, une sage-femme passe dans le couloir, pile au moment où je retiens ma respiration et me tord sur une nouvelle contraction. "Mais madame, pourquoi vous n'avez pas sonné ?" ... Là tout de suite j'ai envie de me fâcher, mais je lui réponds aimablement que ça fait bien 30 minutes qu'on m'a promis de venir me chercher dès que possible. Elle me fait rentrer sans attendre et m'installe dans une petite salle où elle m'examine rapidement. "Oh ben vous êtes dilatée à 3 cm, c'est pas mal !".
Et voilà qu'on me branche à nouveau, en me plaçant dans une position latérale très inconfortable, en prime... c'est reparti pour une nouvelle et interminable session de monitoring...

Au bout de ce qui me parait être une éternité, je commence à perdre patience. Je ne peux pas bouger, je ne peux même pas changer de position, je me sens coincée. Elles m'ont oubliée ou quoi ?? Personne ne vient nous voir. Je veux qu'on me détache, je veux pouvoir me déplacer, utiliser le ballon qui est là dans la salle pour faire des mouvements et accompagner mon bébé à descendre correctement dans le bassin, je veux VIVRE mon accouchement, tout simplement, et non le SUBIR. Une autre sage-femme passe par là et en prend pour son grade... Un peu confuse, elle me libère et m'explique qu'il y a énormément de femmes qui sont arrivées aujourd'hui et, à nouveau, que l'équipe est débordée. Je sens son désarroi et son envie sincère de faire au mieux, je me calme. Elle m'examine, je suis dilatée à 5 cm... Seulement. Elle me propose une salle avec une baignoire, comme pour se faire pardonner... avant de se rendre compte que toutes les salles en question sont actuellement occupées. "Je vous en réserve une, vous serez la prochaine !". Je reprends du poil de la bête et me dit que le principal est d'être enfin libre de mes mouvements et de pouvoir accueillir les contractions à ma manière... Contractions qui me paraissent être de plus en plus fortes. Est-ce vraiment le cas ou bien sont-ce que mes nerfs commencent tout doucement à me lâcher ? Quelle heure est-il déjà ? 19h passés.

Je fais des aller-retours dans la toute petite salle, je me déhanche sur le ballon, je respire, je souffle, j'écoute les blagues de mon vaillant mari qui ne démérite pas d'ingéniosité pour me changer les esprits et qui est d'un soutien inouï. J'utilise une technique de visualisation pour accompagner bébé et tenter de m'apaiser, j'accueille les contractions comme je le peux... Une heure s'est presque écoulée et la sage femme revient nous dire que la salle n'est pas encore prête mais qu'elle ne va pas tarder à se libérer. Je m'accroche à cette perspective et je recommence à patienter. Mais les minutes défilent et toujours pas de nouvelles. Les contractions se rapprochent : j'ai de moins en moins le temps de reprendre mon souffle entre deux. Alors, lorsque la sage-femme revient me dire (pour la 150ème fois ?) "ça va bientôt être bon pour la baignoire" je lui réponds "Vous savez quoi ? On laisse tomber la baignoire, j'aimerais la péridurale maintenant".
Moment de silence.
Pourquoi est-ce qu'elle ne dit rien... ? Je vois bien qu'elle est embarrassée. Elle finit par me répondre timidement que pour le moment toutes les salles d'accouchement sont prises, et qu'il va falloir, là-encore, que j'attende que ça se libère pour qu'on puisse me poser la péridurale. Elle ne peut pas me donner de délais... C'est à peu près tout ce qu'il fallait pour me faire commencer à paniquer. A partir de là, je pars littéralement en vrille... En l'espace d'une demie heure, mes contractions s'emballent, elles me paraissent plus difficiles que jamais à supporter. Jusque là, avec la perspective de pistes de soulagement à plus ou moins court terme, j'arrivais encore à me raisonner, mais à présent qu'on me laisse seule avec mes incertitudes et ma douleur pour une durée indéterminée, je ne maitrise plus rien. On me suggère d'aller sous la douche pour passer un jet d'eau chaude sur mon ventre, mais rien ne me soulage. Les contractions se succèdent les unes aux autres, et bientôt elles n'ont même plus le temps de disparaitre complètement que les suivantes arrivent déjà. Je reste dans un état de douleur constant qui semble croître minute après minute. Je me mets à pleurer de désespoir, pensant que je ne vais jamais m'en sortir.

Mon mari a disparu... Depuis combien de temps ? Je ne sais pas, j'ai perdu la notion du temps, je n'arrive plus à réfléchir. Le voilà qui réapparait avec une chaise roulante. Mais où est-ce qu'il a piqué ça ?? Il me dit de sortir de la douche pour m'emmener en salle d'accouchement. Je n'y arrive pas... Je ne parviens plus à bouger. Mon cerveau est bloqué sur les contractions, plus rien ne s'active. Sous ses encouragements bienveillants je parviens à m'extraire de là au prix d'un effort sur-humain. On me passe la blouse pour l'accouchement et on m’emmène. Une sage femme m'aide à m'installer sur un lit. Je ne vois même pas que les femmes de ménage n'ont pas encore fini de nettoyer la pièce du précédent accouchement.
On me pose un cathéter. Me revoilà branchée à un fil. L'anesthésiste arrive et on demande à mon mari de quitter la pièce. Les contractions ne se calment pas, je n'arrive pas à reprendre mon souffle. L'anesthésiste, manifestement débordé et très peu disposé à faire preuve de patience, pose à peine ses mains (glacées) sur mon dos que je fais un bond. Il me sermonne "Ah mais si vous bougez comme ça, je ne vais pas y arriver madame ! Faites un effort, c'est très dangereux il ne faut pas bouger". Faites un effort... Il en a de bonnes ! Je ne suis que boule de douleur, tout contact sur ma peau est semblable à une décharge électrique. Je me dit que jamais je n'y arriverai et que je vais être condamnée à avoir ainsi mal jusqu'au bout... L'anesthésiste pose tant bien que mal le champs stérile tout en me disant que la péridurale ne va pas être possible si je bouge comme ça. Le désespoir est sur le point de me gagner à nouveau et là, une super sage-femme m'invite à enrouler mes bras autour de ses épaules et à prendre appui sur elle. "Fermez les yeux, n'écoutez que ma voix. Vous allez y arriver, tout va bien se passer. C'est la dernière ligne droite, vous aurez bientôt votre bébé dans les bras." Je m'exécute et me concentre sur elle. L’anesthésiste parvient miraculeusement à me mettre un anesthésiant local et me prévient après quelques minutes qu'il va piquer et que je ne doit SURTOUT PAS bouger. Évidemment je me remets à avoir de grosses contractions au même moment. La sage-femme reprend "Restez sur ma voix, n'écoutez que moi." Je lui murmure dans un sanglot que je n'y arriverai pas, tout en accusant une nouvelle contraction. Elle me donne à cet instant le meilleur conseil (le seul conseil ??) que j'ai pu avoir durant cette journée : "Vous allez faire le dos rond et imaginer que vous poussez votre dos contre les mains et l'aiguille de l'anesthésiste." En me disant ça, elle me replace comme actrice de la situation et non comme victime qui subit les choses. Mon esprit est momentanément détourné de la douleur, ce qui m'offre un répit de quelques secondes sans soubresauts. Ça a fonctionné, la péridurale est posée ! Ouf... Aussitôt les contractions reprennent de plus belle, là où elles s'étaient mises en pause.

Mon mari est de retour, sa présence m'apaise. Je ferme les yeux tandis qu'on me banche à nouveau sous monitoring. Je ne saurais dire combien de temps s'est passé comme ça, mais il me semble que c'est allé plutôt vite. 10-15 minutes peut-être ? Je prends peu à peu conscience que mon corps se contracte sans que je ne ressente de douleur. C'est une contraction que j'ai sentie là ? Je demande à mon mari de vérifier le tracé du monitoring. En effet ! Et je n'ai pas eu mal ! J'en ris presque, nerveusement. Je m'autorise à reprendre contact avec mon corps, je me remets à l'écouter après avoir passé les dernières heures à tenter de le débrancher. Je sens de petits picotements, mon bassin et mes jambes s’anesthésient. Je me mets soudain à grelotter de froid : est-ce l'effet du produit anesthésique ou bien juste que mon corps et mon esprit relâchent tout doucement la pression ? On me couvre de couvertures et je suis dans un tel état de relâchement soudain que je m'endors presque. Je sens pourtant que le bébé pousse. J'ai la sensation qu'il est juste là, prêt à sortir. Je demande innocemment à la sage femme qui m’ausculte à combien elle estime que je suis dilatée, m'attendant à un 7-8 cm. Elle répond en riant que je suis depuis un petit moment à 10 cm et qu'il va même falloir dans quelques instants que je pousse pour faire sortir bébé. Je suis à la fois surprise, soulagée et inquiète. Je me sens tellement abattue tout d'un coup, que j'ignore si je vais avoir la ressource nécessaire pour pousser. Mon compagnon me dit des mots doux et apaisants. Je vais y arriver, le plus dur est derrière nous maintenant. Il semble aussi épuisé que moi, mais ne se plaint pas, à aucun moment. Le gynécologue de garde arrive (la mienne est en vacances... en même temps je ne devais pas accoucher début du mois !). Il me sourit, me demande comment je vais, et a des paroles très rassurantes. Il s'installe. Je ne sais pas trop ce qu'ils fabriquent là en bas avec la sage femme. Puis cette dernière me demande si je sais comment je dois pousser... Euh ben... en théorie oui... Je suis supposée "utiliser les contractions"... sauf que je ne suis même plus certaine de les ressentir à ce stade avec l'anesthésie. J'essaie de suivre les conseils qu'on me donne, on me dit que je m'en sort très bien. Je pousse trois fois et on me dit "STOP" ! "C'est bon, il est là, une dernière poussée et il est dehors ! Voulez-vous l'attraper vous-même ?" Cette question me parait complètement irrationnelle. Comment veulent-ils que je fasse ça ? Je ne suis même plus capable d'aligner 2 pensées cohérentes !! Je réponds que je n'ai pas envie, trop peur de le faire tomber. Je pousse à peine une dernière fois que ça y est, mini nous est dehors ! Il est 22h05.

On le pose immédiatement contre moi quelques instants, pour me le présenter. Il est tellement calme, il semble hébété d'être là. Bonjour toi. Enfin on se rencontre. On me le reprend rapidement, le temps de couper le cordon (opération qu'on invite mon mari à réaliser mais que lui aussi décline poliment. Il ne tire aucun égo à prendre part de cette manière, il préfère rester auprès de moi et laisser faire les spécialistes). J'entends des pleurs qui me rassurent un peu mais paradoxalement, aussitôt, mon cœur de toute jeune maman se serre. Je veux qu'on me le rende. Une fois contre moi, enroulé dans une couverture, il se calme à nouveau. Il m'observe de ses grands yeux noirs profonds. Je sais qu'il ne peut pas voir grand chose à ce stade mais pourtant son regard me fixe... Mon mari semble ne pas en revenir lui non plus : c'est nous qui avons fait ça ? Il nous parait bien plus grand que nous ne l'avions imaginé (surtout pour 3 semaines d'avance). On nous confirmera plus tard qu'il est effectivement déjà grand (51cm) et qu'il a un bon poids (3,8 kg !).

Le gynécologue s'affaire là en bas. On me dit que tout est parfait et que le placenta est déjà en train de sortir. On me parle de déchirure et de points de suture, mais je n'écoute déjà plus. A cet instant, cette partie de mon corps ne me concerne plus. L'essentiel est là, dans mes bras et à côté de moi. Ma famille.

ll y aurait tant à dire encore sur ces premiers instants avec bébé et sur les premiers jours qui ont suivi. Mais j'aime à garder quelques souvenir pour moi seule... Et puis, il faut bien arrêter le récit quelque part, or ce qui suit ensuite ne fait plus vraiment partie de l'accouchement à proprement parlé. Alors je vais terminer ici avec ce que je retiens de cette expérience complètement folle. La première des choses, pour ceux qui en douteraient encore, c'est que le mental joue un rôle capital dans ces moments là. Non pas que je veuille jouer les coach sportifs ou enfoncer des portes ouvertes, mais vraiment parce que j'ai pu expérimenter concrètement l'influence de mon mental sur mon physique et sur ma perception de la douleur. Si cet accouchement était à refaire, (ou pour une grossesse future, qui sait ?), je me préparerais autrement durant les 9 mois qui précèdent. Je privilégierais des techniques de gestion des émotions et du stress, car selon moi, ils ont clairement été la source de l'emballement des contractions que j'ai décris. De même, maintenant que je sais ce que représente de mettre un enfant au monde, je crois que je m'orienterais vers une équipe bien plus disponible et à l'écoute, pour ne plus avoir la sensation de passer à côté de mon accouchement. Pourquoi pas dans une structure de type maison de naissance... ?

Malgré tous les grains de sable dans les rouages, je garde un assez bon souvenir de ce moment intense. On m'avait dit "On oublie vite la douleur". Et c'est vrai. Je ne sais plus exactement ce qu'elle était, je n'ai plus que le fantôme de l'expérience intense ressentie. La nature doit être ainsi faite pour que nous ayons un jour l'envie de renouveler l'expérience...

 

Je suis toujours intéressée par les expériences et le vécu des autres, alors si quelqu'un passe par là et se sent l'envie de partager ses souvenirs d'accouchement(s) en commentaire, il/elle est le bienvenue !

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1 Plus précisément la protéine placentaire alphamicroglobuline-1 (PAMG-1) de son petit nom
2 Menace d'Accouchement Prématuré

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