Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
new-mum.over-blog.com

Comment arrêter la tétine ?


Le sujet tétine est assez controversé. Il y a les POUR et les CONTRES. Je ne vais pas refaire le débat ici, chacun aura ses arguments et je ne suis personnellement ni en faveur ni en défaveur. Je pense simplement que chaque parent fait comme il le sent et comme il le peut en fonction de son enfant et de ses propres convictions.

Je vais vous livrer notre expérience, nos choix et notre méthode pour l'arrêter, en espérant qu'elle saura inspirer ceux d'entre vous qui cherchent également à accompagner leur enfant dans ce servage.

 

Notre cas de figure
 

Concernant le lionceau, nous avions rapidement constaté après notre retour de maternité le bien-être et l'apaisement que lui procurait le fait de téter (indépendamment des repas), et avions donc choisi de lui proposer la tétine à chaque fois qu'il en ressentait le besoin. De notre expérience, cela a désamorcé bien des frustrations et angoisses chez lui et m'aura sans doute permis d'éviter de l'avoir au sein à longueur de journée (il y a des mères que cela ne gène pas mais moi je ne pouvais pas envisager cette situation qui aurait pu mettre en péril tout mon allaitement et ma santé mentale). Au bout du compte, mon fils s'est géré de manière assez autonome, cherchant de lui-même sa tétine lorsqu'il en ressentait le besoin plutôt que de nous solliciter ou de se mettre en colère par frustration. C'est une béquille qui, je l'avoue, nous a apporté beaucoup de confort dans la famille.

>> Lire aussi Préparer l'arrivée de bébé, mes indispensables

Résultat : mon fils était assez dépendant de sa tétine. Plusieurs fois au cours des 12 derniers mois nous avons souhaité la retirer, mais ce n'était jamais réellement le moment. Soit que nous estimions qu'il était encore trop tôt et qu'on avait finalement largement le temps, soit, comme à l'hiver dernier, que notre petit garçon faisait preuve de tant d'anxiété (lire L'expérience Kindergarten et troubles du comportement) que nous ne voulions pas lui retirer son moyen d'apaisement ultime.

Vers ses deux ans, nous avions tout de même changé les règles d'accès à la tétine. De "libre service" nous en avons limité son usage au moment des dodos uniquement, ou lorsque le lionceau était vraiment contrarié et avait besoin de se calmer. Pour ce faire, la tétine s'est alors retrouvée attachée au doudou, lui-même réservé au lit.

Nous avons donc repoussé l'échéance du servage encore et toujours, jusqu'à ce printemps-ci... C'est sans doute tardif trois ans et demi, je ne sais pas trop, mais dans tous les cas je ne pense pas que nous aurions réussi plus tôt.

 

Le bon moment
 

Je doutais qu'il existe réellement un "bon moment" pour le faire, mais force a été de constater qu'au cours des trois derniers mois le lionceau s'est montré très volontaire et vraiment disposé à en finir avec la tétine, là où auparavant cela aurait été impensable. Sans doute que l'arrivée de bébé et son nouveau rôle de grand-frère l'ont conforté dans l'idée ? Il est vrai que depuis l'heureuse nouvelle il a beaucoup gagné en maturité et nous pouvons davantage faire appel à sa raison.

Il faut dire aussi que nous avions préparé le terrain depuis plusieurs mois, notamment au travers de lectures :
 

La tétine de Nina : un livre très drôle et aux très jolies illustrations qui plait beaucoup à mon fils. Je le recommande !
Bébé Koala n'a plus de tétine : comme nous avions déjà quelques livres de la collection nous avons continué sur la lancée mais je ne le trouve pas aussi bien fait. Notamment, ce qui me gêne, c'est qu'il évoque l'idée que bébé Koala pourrait remplacer la tétine par le pousse, et rien que pour ça je ne lis quasi jamais ce livre à mon fils (ou alors j'évite ce passage).


En parallèle des lectures, nous avons commencé à lui expliquer les méfaits de la tétine sur ses dents, et le pédiatre a été d'un appui redoutable à ce sujet lors d'un RDV de suivi médical. De lui-même, le lionceau s'est alors mis à vouloir prendre soin de ses dents, à demander à les brosser le soir (là où auparavant c'est systématiquement nous qui impulsion la démarche), et a commencé à évoquer l'idée que "un jour" il allait arrêter la tétine pour avoir de jolies dents. Nous le sentions donc de plus en plus prêt pour cette étape.

 

La méthode


1. Donner une échéance

Plusieurs semaines avant le grand saut, nous avons commencé par indiquer l'échéance au lionceau : nous lui avons expliqué qu'il serait temps pour lui de donner sa tétine au Lapin de Pâques... (oui je suis alsacienne, on ne connait pas les cloches ici...). Dans ma famille il est plutôt d'usage de donner sa tétine au Père Noël, mais le timing du lapin était le plus approprié.

Nous avons pris soin de faire le décompte avec lui plusieurs jours avant, pour ne pas le prendre au dépourvu et lui laisser le temps de se préparer à l'idée : "Au retour des vacances", "La semaine prochaine", "Dans 2 jours", etc... . Si bien que la veille au soir, il nous a lui-même dit "c'est mon dernier dodo avec la tétine". J'étais épatée par son côté résigné, et me suis demandé ce qu'il comprenait réellement de ce qui allait arriver... J'appréhendais beaucoup (bien plus que lui !!) et personnellement j'étais presque un peu triste, nostalgique (comme à chaque étape de la vie de mon garçon), d'un temps révolu et qui ne reviendra plus.
 

2. Faire participer l'enfant

Le matin du jour J, nous avons préparé ensemble une jolie petite boite dans laquelle nous avons disposé les 2 tétines symboliques (celle de la nuit et celle pour les déplacements (grands trajets de voiture)) et avons même laissé une carotte pour le lapin. Mon fils était très fier de décrocher lui-même les tétines de son doudou (là encore, petite larme à l’œil me concernant), de les mettre dans la boite et de peler la carotte pour le lapin.
Puis, nous avons trouvé ensemble un endroit dans le jardin pour poser la boite et attendre sagement le passage du lapin...
 

 

3. La récompense

Là aussi, je pense que tout le monde ne sera pas d'accord avec notre choix. En effet, il n'est pas toujours utile de prévoir une récompense pour chaque étape de la vie de l'enfant, le simple bénéfice de "devenir un grand" et d'avoir de belles dents pourrait suffire.
Mais comme nous redoutions un peu ce passage et que nous avions envie de marquer le coup, nous avons donc pris soin de réfléchir bien à l'avance avec le lionceau à un cadeau spécial, quelque chose qui lui ferait vraiment plaisir et que le lapin pourrait lui apporter en échange des tétines. Son choix s'est porté sur "une voiture téléguidée" et nous avons donc suivi son idée. Nous en avons même trouvé une d'occasion sur ebay qui enchante notre petit pilote :
 

 

Le résultat et la réaction du lionceau


Comme bien souvent dans ma vie depuis ces 3 dernières années, j'ai été désarçonnée par la réaction et la maturité de mon fils. Je ne doutais pas de sa joie éphémère de trouver, à la place de la boite aux tétines, sa fameuse voiture téléguidée (et du chocolat... plein de chocolat... car oui, ça reste Pâques !!), mais je me disais qu'il ne réalisait pas complètement ce que ça signifiait et qu'au moment de se coucher le soir ça allait être une autre paire de manches. Je m'étais préparée à un coucher difficile, plus long que d'habitude, à des pleurs, à ce qu'il réclame sa tétine, à des réveils dans la nuit ou plus tôt le matin...

Et bien rien de tout ça ne s'est produit.

Le lionceau est parti se coucher, m'a dit à haute voix "maman, je me souviens bien que j'ai donné mes tétines au lapin de Pâques", s'est tourné sur le côté comme à son habitude, et c'est endormi immédiatement et d'une traite jusqu'au lendemain 8h...
Même appréhension pour la première sieste sans tétine et même résultat positif. C'était comme s'il n'en avait jamais eu...

Les premiers effets "négatifs" ont commencé à se faire sentir 2 jours plus tard : le lionceau est devenu beaucoup plus irritable dans la journée, et notamment avec la fatigue ou la faim. On sent que ses nerfs sont mis à rude épreuve. Il cherche comment se calmer autrement qu'avec la méthode qu'il a toujours connue, et ce n'est pas facile ! Mains qui cherchent on ne sait quoi dans la bouche, cris et crises de larmes à la moindre petite contrariété, et surtout, beaucoup, beaucoup de difficulté à se raisonner. En somme, de vraies crises de nerfs liées au manque, pas si différentes finalement d'un adulte qui se sevrait d'une addiction !

Au début je n'avais pas fait le lien avec l'arrêt de la tétine, puisque pour moi la transition s'était passée à merveille. Jamais il n'a demandé à avoir à nouveau sa tétine ou ne s'est plaint. Moi-même en proie aux hormones de grossesse, j'avais tendance à m'agacer de ce que je jugeais être une "régression" incompréhensible dans son comportement. Et puis j'ai fini par comprendre sa réelle et sous-jacente difficulté à surmonter le manque. Ce n'est pas nouveau, notre garçon hypersensible a toujours eu du mal à gérer ses émotions, c'était donc évident que ce passage clé de son existence allait être difficile aussi (lire aussi : La vie avec un enfant hypersensible).

Depuis, nous tâchons donc de l'accompagner dans cette épreuve du mieux que l'on peut. En essayant d'être le plus calme et patient possible, en tâchant d'être à l'écoute, en verbalisant ce qui lui arrive (sans jamais évoquer la tétine pour autant, pour ne pas cristalliser le problème). Nous utilisons des phrases comme "tu as beaucoup d'émotions qui te submergent et ta fatigue les rend encore plus difficiles à gérer, mais tu vas y arriver". Quand vraiment je n'arrive pas à dialoguer (car il refuse parfois de m'écouter) je lui pose des questions "qu'est-ce que tu voudrais ? Qu'est-ce qui pourrait te calmer ?" et je m'adapte à sa réponse.

Aujourd'hui cela fait presque une semaine, et les choses commencent tout doucement à s'apaiser. Les crises sont moins fréquentes, parce qu'il apprend à gérer, sans doute aussi parce que nous anticipons au maximum son niveau de faim ou de sommeil pour ne pas ajouter de la frustration à la frustration.
Il faut lui laisser son temps, tout le temps dont il aura besoin. Petit lionceau devient grand, or ce n'est pas toujours facile de grandir. Je suis plutôt très fière de lui (et ne manque pas de le lui dire !) et je sais que bientôt tout ceci sera derrière nous.

 

 

Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article