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Trouver son chemin

 

 

Et puis, mon mari et moi avons eu LA conversation. Celle que j'évitais soigneusement ces derniers temps, tout en lançant quelques perches parfois pour tâter le terrain... Celle dont je redoutais tant l'issue...

"Est-ce qu'on aura ou non un deuxième enfant ?"

 

Alors que j'ai passé les deux premières années de vie de mon fils sans même me poser cette question, il est arrivé un moment où, dans un rythme de croisière qui fonctionne bien, je me suis autorisée à y réfléchir en toute honnêteté. Longtemps je me disais que ça bouleverserait trop notre équilibre enfin trouvé. Que ça perturberait mon garçon et la relation fusionnelle que nous avons lui et moi, et je ne voulais pas de ce chahut pour ma famille. Sans parler des impacts environnementaux et éthiques d'un nouvel être humain dans ce monde à la dérive... Et puis, un jour, alors qu'une de mes connaissances a annoncé sa troisième grossesse surprise et semblait surmonter tant bien que mal (plutôt bien à vrai dire) cet imprévu, je me suis dit "oui, après-tout, pourquoi pas... ?"
Évidemment, l'arrivée d'un bébé chamboule tout, évidemment cela signifie apporter du chaos là où nous avons tant œuvré pour ré-apporter de la sérénité. Mais je sais aussi que ces perturbations ne durent qu'un temps. Je sais surtout combien cela rempli de merveilleux et d'amour nos existences. Quand je vois mon fils si attentionné et heureux avec sa petite cousine, je me dis qu'il serait un excellent grand frère. Je me dis aussi qu'il en apprendrait beaucoup sur lui et sur sa relation aux autres.

Petit à petit, cette idée a fait son chemin. Sans être capable de décider complètement et seule (toujours tiraillée par l'impact que cela allait représenter sur nos vies), je me disais : "peut-être qu'on peut juste laisser faire la vie pour voir si elle trouve d'elle-même son chemin jusqu'à nous ?" (tout en sachant que cela n'avait pas du tout été si évident pour bébé 1, rappelons-le ! lire l'article Au commencement). Cette non-décision me semblait être le compromis idéal. Ainsi, si le "destin" voulait que nous soyons parents à nouveau, nous le serions, sans prise de tête, sans calculs. Mon compagnon et moi avions plus ou moins évoqué cette idée au détour d'une conversation. J'avais donc pensé que nous étions sur la même longueur d'ondes. Seulement, au moment où je me suis sentie prête à initier ce projet, nous en avons ouvertement parlé et là, les choses ne se sont pas du tout passées comme je le pensais...

A cœurs ouverts, mon compagnon m'a finalement avoué être paniqué à cette idée, et ne pas être prêt à impulser ce changement... Il ne le sera peut-être jamais. De son point de vue, il y a d'un côté la nostalgie d'un temps passé où il pouvait faire du sport à loisir, lire de longues heures, sortir, avoir des projets pour nous deux ou des projets personnels - un rythme que l'on commence seulement enfin à retrouver. Et il y a, comme pour moi, la peur que notre équilibre actuel ne se retrouve tellement bouleversé que nous explosions en plein vol. Je l'ai senti fébrile, et j'ai découvert là une fragilité de mon couple que je n'avais pas soupçonnée. Les choses me semblaient rouler entre nous et au sein de ma famille, mais en réalité, il existe des frustrations et des non dits latents qu'il était plus que temps d'affronter.

Bien sûr, je le comprends. Ses craintes d'un nouveau bouleversement dans nos vies sont légitimes, et je l'ai dit : je les partage ! Nous avons traversé ces premiers mois avec notre fils avec tant de difficulté, comment lui en vouloir ? Mais sur le moment, contre toute attente, lorsqu'il m'a annoncé ça, j'en ai pleuré de désespoir. Moi qui n'était jusque là pas convaincue à 100% de l'idée d'un bébé 2, voilà que d'un coup, par la simple évocation qu'il puisse ne jamais voir le jour, j'ai réalisé combien je le désirais. Tant que j'avais la perspective que ce soit possible un jour, même dans 10 ans, cela ne me posait pas de souci. Mais je n'étais certainement pas prête à devoir mettre définitivement une croix dessus. Comme toujours, c'est lorsqu'on vous refuse quelque chose que vous en avez le plus envie... En fait, avec du recul, je réalise que j'attendais que mon mari me demande ce bébé 2. S'il l'avait fait, même quelques mois après la naissance de notre fils, j'aurais été capable de dire oui. Car pour moi, c'était la preuve d'une certaine confiance en notre couple, en notre amour, en l'avenir.

J'ai eu du mal à surmonter cette annonce, je ne vous le cache pas. J'avais comme le sentiment que mon mari renonçait soudain à toutes les promesses qu'on s'était faites, celles qu'on s'était échangées le jour de notre mariage. Et puis j'ai essayé de comprendre le pourquoi d'un tel sentiment de peur. Il y a selon moi au moins 2 choses qui ont agit de manière inconsciente :

  • Sa vision est biaisée par le contexte des derniers mois de Covid, assez difficiles moralement. Le sentiment de ne plus pouvoir se projeter sur aucun projet, ne rien pouvoir faire d'autre que de se confiner, a forcément eu un impact sur nos ressentis. Nous étions pleins d'incertitudes, nous avions une sensation de fin du monde. Ajouté à cela que notre fils a eu un comportement assez tyrannique (pour nous avoir eu 24h/24h aux petits soins autour de lui). Il n'y a plus beaucoup eu d'occasions pour des moments seuls, des moments de couple de qualité, ni même pour des moments père-fils qu'il y avait auparavant lorsqu'ils se faisaient des sorties ensemble (tous les lieux funs qu'ils adoraient étant fermés...).
  • Le travail actuel de mon mari est prenant et parfois difficile humainement. Depuis quelques mois, il rentre souvent plein de désillusions et de découragement. Lorsqu'on n'est pas épanouis dans un pan aussi important de sa vie que sa carrière, cela a forcément des répercussions sur les autres pans. Je suis bien placée pour le savoir (voir l'article C'est l'histoire d'un quasi burn-out)

Pour l'heure, je me rends compte que nous ne sommes absolument pas prêts, ni en mesure d'accueillir un nouvel enfant dans cette famille. Pas en l'état. Il va falloir que l'on travaille à ces craintes (pour certaines partagées !) et qu'on l'on voit si oui ou non on est prêts à se lancer dans l'aventure. Déjà, nous en parlons. C'est un bon début. Poser les craintes ouvertement, les nommer, en prendre conscience, c'est déjà les désamorcer un peu.

Je nous crois capable de tout surmonter pour peu qu'on s'en donne les moyens. On va trouver notre chemin, quel qu'il soit. Peut-être qu'au bout il y aura un nouvel enfant, qui sait ?

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